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Expédition "Groenland Nord Est 2011"
"L'allée des glaces", le documentaire


En 2011, nous sommes rentrés du Spitsberg par le chemin des écoliers! L'envie d'aller découvrir le Nord Est du Groenland était trop grande.

Ceux qui ont parcouru cette région en voilier sont rares. L'équipage embarqué dans ce périple a défriché un terrain vierge. Les fjords encaissés et abrupts qui découpent la côte en fines dentelles comptent parmi les plus isolés et sauvages de la planète. La difficulté d'accès explique pourquoi il y a peu d'images de cette région. Les montagnes dessinent là bas de folles arabesques dont la beauté nous a laissés sans voix. Nous avons cherché pendant 51 heures l'accès à la côte en longeant puis en franchissant la barrière de glaces dérivantes et nous nous sommes échappés juste avant que la banquise ne referme la région pour le long hiver polaire. Nous avons fait escale à Ittoqqotoormiit avant de traverser vers la Norvège en direction de l'archipel des Lofoten.

Olivier Pitras


© Knut Vibé

26 jours et 2200 milles d'expédition qui sont contés dans «L'Allée des glaces », film documentaire (52' )de Frédéric Jouve.

 

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Frédéric jouve © Knut Vibé


© Fritz K.Zick


© Knut Vibé


© Pierre Charles Gueroult


© Knut Vibé


© Knut Vibé


© Pierre Charles Gueroult


© Pierre Charles Gueroult


© Knut Vibé


© Knut Vibé


© Knut Vibé

Synopsis du film documentaire de Frédéric Jouve "L'allée des glaces"

Longyearbyen, Spitzberg 78° de Latitude Nord, base de départ de nombreuses expéditions vers le pole depuis le début du 20ème siècle.

Cette Île sur le toit du monde à 1338 kilomètres du pôle nord géographique sera le point de départ de cette aventure.

Comme le commandant Charcot et d'autres explorateurs mythiques, le navigateur polaire Olivier Pitras rêve de découvrir la côte Nord Est du Groenland devenue en 1974 le plus grand parc national du monde.

Il n'a encore jamais navigué dans ces parages. L'enthousiasme de la découverte est immense. Il s'est entouré pour cette aventure d'un second, un cuisinier, un médecin, un photographe, un caméraman et de 8 autres équipiers. Tous connaissent déjà « Southern Star », le voilier polaire d'Olivier. Le groupe de 14 personnes est réparti en équipes afin d'assurer la navigation 24 heures sur 24.

Avant d'atteindre ces côtes aux cartes approximatives il faudra traverser le détroit de Fram qui sépare le Spitsberg du Groenland puis affronter le danger des ceintures successives de banquises dérivantes.

La météo est calme, un halo blanc en forme d'arc en ciel couché sur l'horizon, annonce de sa voûte lumineuse la glace toute proche. Bientôt, une ligne immaculée couvre la mer jusqu'à l'infini, le voilier approche et s'arrête devant la banquise dense et impénétrable. A perte de vue, de gigantesques îles de glace s'enlacent, s'emmêlent et s'empilent sans laisser apparaître la moindre trace d'eau navigable. L'équipage repart vers le sud à la recherche de « l'Allée des Glaces » qui lui permettra l'accès aux merveilles de la côte.

200 kilomètres et 51 heures d'attente seront nécessaires pour la trouver.

La banquise devient moins dense et ouvre un labyrinthe étroit dans lequel le voilier s'engage. Sous l'eau, la glace est turquoise. D'immenses dalles sous marines prolongent les îles dérivantes à travers lesquelles « Southern Star » se faufile doucement. A l'avant, deux équipiers armés de perches à glace, se tiennent prêts à pousser l'étrave si nécessaire pour aider à tourner. Le brouillard enveloppe parfois la scène d'un voile fantastique et jette l'équipage dans l'incertitude. Perchée dans le mat, la vigie s'applique à sonder l'invisible et transmet ses impressions à l'homme de barre. Enfin, après des heures interminables à zigzaguer dans cet univers chaotique, « l'Allée des Glaces » s'ouvre fièrement et laisse entrevoir, droit devant, l'eau libre jusqu'aux pieds des montagnes.

Cette région est totalement vierge. Ceux qui l'ont parcourue en voilier se comptent sur les doigts de la main. Les fjords encaissés qui découpent la côte en fines dentelles de falaises abruptes comptent parmi les plus isolées et sauvages de la planète. L'équipage embarqué dans cette aventure défriche un terrain encore plus mystérieux que le passage du Nord Ouest ou la péninsule Antarctique.

Bienvenus dans l'extrême frontière navigable du Groenland.

Cette année l'entrée se situe au niveau du Davy Sund par 72° degrés de latitude nord. A l'extérieur la glace empêche toute progression, seule la route intérieure permet de gagner vers le Nord.

Le skipper engage son bateau dans un réseau de fjords au cœur de montagnes majestueuses et époustouflantes de beauté. Personne à bord n'a jamais rien vu d'aussi imposant.

La zone est mal hydrographiée. La vigilance est maintenue mais la stupéfaction de tous devant un tel joyau de la nature est unanime. L'ensemble de l'équipage est sur le pont et ne rate pas une miette du spectacle.
Les falaises verticales s'élèvent parfois à plus de mille mètres au dessus de l'eau. Elles sont composées de couches successives de sédiments pétrifiés. Les couleurs sont vives et contrastées. Les couches vertes, rouges, ocres et bleues s'enlacent et dessinent un patchwork insensé témoin des formidables pressions qui ont présidées ici à la naissance de la plus grande île du monde.
Partout, d'immenses icebergs, sculptés de main de génie, dérivent et rajoutent à la féerie du décor. Une partie de l'équipage débarque sur le «plancher des bœufs musqués » trois heures seulement et gardent le sentiment d'avoir débarquer sur une autre planète. Le minéral est roi mais une végétation rase et bariolée montre que la vie existe.

Parfois, au loin, les sommets s'arrondissent et laissent entrevoir, tout là haut, l'immensité de la calotte glaciaire qui recouvre l'ensemble du Groenland.

Le voilier progresse ainsi pendant 36 heures au milieu des montagnes jusqu'au « Kejser Franz Joseph fjord » point culminant de l'expédition en latitude et en émerveillement.

« Le dernier bulletin météo et la carte des glaces, nous indiquent clairement qu'il est impossible de pousser plus loin. Les conditions ne sont plus réunies. Le vent du nord accélère la dérive des glaces qui menacent de refermer le « Davy Sund », notre seule et unique porte de sortie. Il faut quitter la zone dans les meilleurs délais »

La course contre la montre commence. Même si les chances de passer sont réelles, rien n'est joué. L'expédition réussit toutefois à échapper à la glace et trouve refuge pour se protéger du mauvais temps à Ittoqqotoormiit, le village inuit le plus isolé du Groenland.

Après le coup de vent, l'équipage profite de l'accalmie pour faire visiter le bateau aux enfants du village, faire quelques courses et préparer le matériel pour une traversée qui s'annonce difficile. En effet un deuxième coup de vent est prévu et le service Danois des glaces annonce la fermeture prochaine du Scorebysund (plus grand fjord au monde) à l'entrée duquel se trouve le village.

Pour échapper une fois de plus aux dangereuses mâchoires de la banquise, le voilier polaire met le cap au large sous la menace de deux ouragans ayant causés d'énormes dégâts aux Etats-Unis.
L'adversité de la glace oblige l'équipage à se jeter au cœur de la tempête Irena suivie de la tempête Katia qui pilonnera l'écosse et le sud de la Norvège. Heureusement, l'option prise de passer au beau milieu de la première permettra au skipper et son équipage de trouver refuge 6 jours plus tard dans le sublime archipel des Lofoten sans avoir eu à subir les assauts meurtriers de la seconde.

L'expédition retrouve le calme et chemine paisiblement au cœur des montagnes de la Norvège du Nord, vers Tromsø, devenue port d'attache de « Southern Star » il y a 10 ans.

En arrivant à Tromsø chacun a le sentiment d'avoir vécu une aventure exceptionnelle. Le sac d'émotions et d'images est plein.

« Il faudra trier bien sûr ! Mais nous savons déjà tous que nous possédons un trésor commun. Nous ne sommes pas prêts de l'oublier. »

Les membres de l'expédition ont profité du calme de la navigation dans les fjords Norvégiens pour enquêter et s'apercevoir que « Southern Star » est le seul voilier de la saison à avoir atteint cette latitude.
Chaque année la limite change et il est parfois possible de pousser bien plus haut mais 2011 détient le deuxième record après 2007 du minimum de banquise polaire en été. Les champs de glaces de l'Océan Glacial en fondant se morcèlent, s'affinent et dérivent plus facilement vers le sud, emportés par le courant froid du Groenland. Ainsi l'englacement de la côte Nord Est du Groenland est un indicateur clair du changement climatique qui affecte actuellement notre planète. Le passé a déjà connu des périodes avec disparitions complètes des banquises en été mais aucun homme n'était là pour en témoigner. Il faudra s'adapter à ces nouvelles conditions climatiques.

Un jour, « l'Allée des Glaces » ne sera plus. Les merveilles et les ressources de cette région, retenues isolées depuis la nuit des temps par la glace, seront accessibles à tous ou presque. Ceci est valable pour l'ensemble des régions polaires.

Frédéric Jouve / Olivier Pitras

 

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